En Gambie, le gouvernement interdit toutes les exportations de bois. Une mesure forte pour tenter une nouvelle fois d’empêcher les bois rares – et en particulier le bois de rose – d’être acheminés illégalement depuis la Casamance, au Sénégal voisin. Cette espèce très demandée en Chine est au cœur du conflit en Casamance puisqu’elle finance les séparatistes du MFDC. Mais la nouvelle interdiction est accueillie avec scepticisme du côté des associations.
Avec notre correspondant à Banjul, Milan Berckmans
Vendredi dernier, le gouvernement gambien l’annonçait par un communiqué : plus question de faire sortir un seul rondin de bois du pays jusqu’à nouvel ordre. Une mesure ferme que la ministre de l’Environnement Rohey John-Manjang, justifie par le besoin d’un cadre légal plus précis :
« L’interdiction a pour but de légaliser, ou de mieux contrôler les ventes et exportations illégales de bois de rose qui sont en train d’être saisis internationalement en ce moment »
Du côté de la société civile, l’annonce est jugée encourageante, mais les précédentes interdictions poussent à la prudence. « C’est un progrès, mais en même temps, comment peut-on être sûrs que ce sera une vraie solution sur le long terme, s’intérroge Maimuna Jabbie, de l’ONG Green Up Gambia. Parce qu’on voit que certains officiels sont impliqués dans l’exportation de bois, et les interdictions viennent, et puis après un moment le business reprend normalement. »
La ministre de l’environnement, elle, reconnaît les erreurs du passé, et pointe l’énorme défi que représente ce trafic international : « Comme je l’ai dit, beaucoup de choses ont eu lieu par le passé. Bien-sûr, il y a eu des failles. Ce commerce de bois, nous savons tous qu’il est international, c’est une chaîne très puissante, c’est comme un cartel de la drogue, c’est très difficile de l’arrêter. Mais nous devons être stratégiques, voir les défis et mettre en place des mesures qui nous permettront d’atteindre ce que nous désirons en tant que nation. »
Selon un rapport de l’agence d’investigation environnementale de 2020, depuis la dernière interdiction de 2017, la Chine a déclaré pour plus de 300 000 tonnes de bois de rose exportés depuis la Gambie.