Jugés au Gabon depuis lundi 18 juillet pour détournement de fonds, complicité de détournement de fonds et blanchiment des capitaux, Christian Patrichi Tanasa – ancien directeur général de Gabon Oil Company, la compagnie nationale des hydrocarbures – et ses deux collaborateurs viennent d’être condamnés à des peines de prisons et des fortes amendes. La Cour a quasiment suivi les réquisitions, condamnant le dirigeant à 12 ans de prison, et son adjoint à 10 ans. La troisième prévenue est toutefois acquittée.
Avec notre correspondant à Libreville, Yves-Laurent Goma
Le verdict est tombé : la Cour a quasiment suivi les réquisitions du ministère public. Christian Patrichi Tanasa, ancien Directeur général de Gabon Oil Compagny écope d’une peine de 12 ans de réclusion criminelle. Il a été reconnu coupable de détournement de fonds et blanchiment des capitaux, crimes pour lesquels il était placé en détention préventive depuis deux ans et sept mois.
Son adjoint Jérémie Ayong, qui comparaissait libre, écope lui de 10 ans de réclusion criminelle. Un mandat de dépôt a immédiatement été décerné contre lui : il passera la nuit en prison. Le directeur général et son adjoint sont solidairement condamnés à verser 20 milliards de francs CFA [soit environ 30 millions d’euros] à l’État gabonais.
Seule Carelle Ndemengane, trésorière, s’en sort bien : elle a été acquittée et ses comptes bancaires débloqués.
« C’est une bonne décision », a de son côté commenté Me Aymard Moutsinga, avocat de l’État : « C’est une bonne décision, justice a été rendue, on verra la suite. Je trouve que la justice a plutôt été clémente par rapport au réquisitoire du parquet général, d’ailleurs ils ont dit qu’ils ont reconnu des circonstances atténuantes. »
Les avocats des prévenus, qui avaient plaidé l’acquittement de leurs clients, ont alors exprimé leur déception et ont promis se pourvoir en cassation. « Ne jugez pas les errements de l’administration gabonaise à travers ces jeunes trentenaires », avait demandé Me Charles Henri Gey, avocat de la défense lors des réquisitoires. Son collègue Anges Kevin Nzigou a dénoncé une parodie de justice : « La cour n’a pas été juste, je pense que ces gens auraient tous dû être acquittés. Donc je ne me prononce pas sur la peine, le fait qu’ils aient été condamnés est l’expression simple de l’absence de justice dans le pays. »
Certaines réquisitions suivies
Quelques heures plus tôt, dans ses réquisitions, le ministère public avait requis 15 ans de prison ferme assortie d’une amende de 100 millions de francs CFA [environ 152 100 euros] contre Christian Patrichi Tanasa, ancien directeur général de Gabon Oil Company. Le ministère public lui a certes reconnu les compétences d’un bon manager, pour avoir fait monter les comptes de l’entreprise de 6 milliards à 44 milliards de francs CFA [de 9 millions à 67 millions d’euros environ] en une année. Mais il lui reproche d’avoir ordonné des dépenses, attribué des avantages et offert des dons sans l’aval du conseil d’administration.
Pour son adjoint Jérémie Ayong, qui comparaissait libre, le ministère public avait requis 10 ans de prison. Enfin, pour Carelle Ndemengane, la trésorière qui comparaissait également libre, l’accusation avait requis 3 ans de prison.