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Guinée-Bissau: l’instabilité au Sahel au cœur de la rencontre entre Macron et Embaló

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Après le Cameroun et le Bénin, la Guinée-Bissau était la dernière étape de la visite d’Emmanuel Macron sur le continent africain. Il est arrivé, mercredi 27 juillet tard dans la soirée, et a été reçu par son homologue Umaro Sissoco Embaló qui vient de prendre la présidence tournante de la Cédéao. Après leur entretien, les deux chefs d’État ont tenu une conférence de presse à la présidence bissau-guinéenne. 

Avec nos envoyés spéciaux à BissauAmélie Tulet et Boris Vichith

Le cortège présidentiel français a déjà repris le chemin de l’aéroport, escorté par des habitants de Bissau venus saluer Emmanuel Macron qui rentre à Paris. C’était la première fois qu’un chef de l’État français se rendait en Guinée-Bissau. Lors de leur conférence commune, les deux chefs d’Etat ont affiché leur volonté de réveiller la coopération entre leurs deux pays.

Mais la visite d’Emmanuel Macron avait aussi un caractère régional. La Guinée-Bissau vient de prendre début juillet la présidence tournante de la Cédéao : l’organisation en première ligne face aux juntes arrivée au pouvoir au Mali, en Guinée et au Burkina après des coups d’Etat militaires. 

Embalo dit avoir convaincu Conakry de réduire la durée de transition

Sur cet aspect, Umaro Sissoco Embalo a affirmé avoir convaincu la junte guinéen de ramener la durée de la transition à 24 mois. « J’étais à Conakry avec le président de la commission (de la Cédéao) pour faire comprendre à la junte militaire la décision du sommet des chefs d’Etat que la transition ne peut pas dépasser les 24 mois. Eux avaient proposé 36 mois, mais on a réussi à les convaincre », a-t-il expliqué, mais l’information n’a pas encore été confirmée par Conakry.

Le président bissau-guinéen compte aussi rencontrer la junte malienne. « Je serai là-bas pour discuter avec nos frères maliensje pense qu’on va trouver un accord, c’est très important qu’on en finisse avec les transitions ». Il se dit confiant : « je suis sûr et certain qu’on va trouver un agenda de la Cédéao, conformément à la décision du dernier sommet de Accra », tout en insistant sur le respect de la démocratie : « Il faut qu’on soit être tous républicains ».

On va arriver à un accord. Parce que c’est très important qu’on en finisse avec la transition au mali, en Guinée Conakry et au Burkina Faso. Et je peux vous dire aussi qu’il y a déjà sur la table, la création d’une force anti-putsch. Cela va permettre de faire comprendre à tout le monde que nous sommes au XXIe siècle. Les coups d’Etat sont inadmissibles, inacceptables.

Umaro Sissoco Embalo, président de la Guinée-Bissau

Amélie Tulet

Umaro Sissoco Embalo a mis sur la table le projet de création d’une force anti-putsch. Une « piste intéressante », selon Emmanuel Macron, mais sans plus de précisions pour le moment. Le président français a quant à lui réitéré sa mise en garde contre les groupes militaires qui, selon lui, « exploitent l’affaiblissement des Etat pour prendre le pouvoir ». 

Ce passage à Bissau a été pour Emmanuel Macron l’occasion de répéter sa nouvelle doctrine : la France en appui des organisations régionales africaines. Face aux menaces à la stabilité des pays, le président bissau-guinéen veut justement convier Emmanuel Macron au prochain sommet de l’institution. Une invitation acceptée par le chef de l’Etat français. 

« Le président m’a fait part de sa volonté d’organiser un sommet de la Cédéao auquel il souhaitait convier la France pour bâtir justement cet agenda commun face aux groupes terroristes. Et je veux lui dire ici ma disponibilité et notre volonté de coopérer dans cette direction. »

Nous avons longuement évoqué le risque de déstabilisation que la situation au Sahel fait peser sur l’ensemble de la région de l’Afrique de l’Ouest. J’ai réitéré au président la détermination de la France, d’abord à rester engagée au Sahel et dans toute la région, mais aussi à changer sa doctrine et les modalités pour, d’une part, venir en soutien aux armées – formation, équipements, accompagnement – mais pas en substitution (…) à celles-ci ; mais d’autre part pour insister peut-être que la stratégie que seule peut être efficace face à la multiplication des groupes terroristes, c’est un agenda de sécurité au service des États, mais complété par un agenda politique du retour de l’État et de ses services dans les territoires libérés des groupes terroristes et un agenda de développement, de projets, de créations d’opportunités éducatives, économiques pour les populations.

Emmanuel Macron sur la coopération avec la Cédéao

Amélie TuletBoris Vichith

Relation bilatérale

Sur le plan national, cette visite va être l’occasion de relancer en Guinée-Bissau les investissements français et la coopération entre les deux pays dans différentes secteurs. Umaro Sissoco Embalo s’est félicité de la présence du président français sur le sol bissau-guinéen. « Le président français, membre permanent du Conseil de sécurité, se trouve aujourd’hui aux côtés du président de la Guinée-Bissau, son frère. On appelle ça la solidarité ». Solidarité que le président bissau-guinéen aimerait voir s’exprimer sur le plan sécuritaire par un appui à la structuration de la garde présidentielle

Sur le plan économique aussi pour du développement. Réponse positive du président français qui dit vouloir une coopération renforcée sur le plan agricole. « Pour ne pas subir les pressions de puissances extérieures sur la question alimentaire, il faut produire davantage ce que le peuple ici consomme. Il y a la possibilité de le faire. C’est la responsabilité du pays, la nôtre c’est de tout faire pour vous y aider en finançant, en formant, en accompagnant par le matériel. »

Emmanuel Macron veut aussi défendre la place du français dans ce pays lusophone. Et annonce l’ouverture d’une école française pour la rentrée 2023.

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