Trafic de Visa et de Cartes de Séjour Françaises: Ce qu’on Sait de la Mafia Cernée Par La Dic
Libération révélait que la Division des investigations criminelles (Dic) avait mis fin aux agissements d’un réseau international spécialisé dans le trafic de visas entre autres. De deux, le nombre de personnes arrêtées dans le cadre de cette affaire est passé à trois. Il s’agit de Samba Ousmane Diaw (32 ans, entrepreneur en Btp demeurant au quartier Méraga de Keur Massar), son grand-frère Moussa Diaw (34 ans, se disant menuisier métallique demeurant à la Cité Apix) et Boubacar Soumaré (32 ans, se disant technicien en sécurité électronique, demeurant aux Parcelles, Unité 20).
Tout a commencé lorsque le 22 août dernier, Moise Sarr, alors secrétaire d’Etat chargé des Sénégalais de l’Extérieur, a sollicité lors d’une réunion sur les conditions d’obtention de visas Schengen, tenue à son cabinet, l’intervention de la police, pour mettre fin aux activités délictuelles des rabatteurs et officines qui agissaient au détriment des demandeurs réguliers.
Ces griefs ont été relevés le 20 septembre 2022, par le consulat de France au Sénégal à travers une correspondance par laquelle, il était porté à la connaissance du ministère des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’Extérieur, des perturbations notées depuis septembre 2021, dans le processus de dépôt de demande de visas au centre Vfs, partenaire officiel du Consulat de France. Ces perturbations étaient dues aux activités des officines et rabatteurs qui préemptent les rendez-vous proposés aux demandeurs en ligne, en plus de la multiplication de dossiers contrefaits.
Les investigations effectuées par la Dic à partir d’une publication sur les réseaux sociaux, portant sur des services de rendez-vous au centre Vfs, ont permis l’auteur grâce à son numéro de téléphonique affiché en bas. Il s’agit d’un certain Samba Ousmane Diaw réputé comme étant au cœur de cette activité délictuelle. Interpellé, Samba Ousmane Diaw a déclaré être le directeur général l’entreprise de Btp nommée «Samassa building» sise aux Parcelles Assainies. La même structure lui sert d’agence de voyage pour les candidats à l’émigration. Pour la constitution de leurs dossiers, ces deniers devaient fournir une préinscription pour les étudiants, une admission, un Caq (pour le Canada), une réservation de billet et d’hôtel. Si le candidat ne disposait pas de ces documents, il sollicitait les services de ses partenaires entre autres un certain Fallou établi en France et gérant des sociétés «F. Consulting » ou «Bamba consulting » mais aussi le nommé Soumaré qui serait employé à Vfs. Ces derniers recevaient, selon lui, 260.000 Fcfa par dossier.
A propos de ses activités de démarcheurs de visas à destination de la France, Samba Ousmane Diaw a allégué n’avoir jamais entamé de procédure dans ce sens. Il a prétendu que ce serait son partenaire Fallou qui était chargé de démarcher les visas dans un délai de deux semaines pour les candidats moyennant la somme de 3,5 millions de Fcfa par personne. Par la même occasion, il a avoué être un démarcheur dans l’obtention de rendez-vous pour les demandes de visas à destination de la France et de la Belgique, moyennant finance. Samba Ousmane Diaw a d’ailleurs cité quelques personnes qui avaient engagées services.
La perquisition effectuée dans son «<agence» par les enquêteurs a permis de constater que les lieux étaient visiblement nettoyés. De plus, il y avait un très grand désordre, ce qui laissait supposer qu’un individu a vidé les lieux avant l’arrivée des policiers.
Entendu à ce sujet, Samba Ousmane Diaw a admis que c’est lui même qui avait ordonné à son frère Moussa Diaw de faire le «<ménage» et de dissimuler tous les documents. Moussa Diaw a été automatiquement cueilli et interrogé. Aux enquêteurs, il confirme les déclarations de son frère qui l’avait, dit-il, joint au téléphone. Il expliquait ainsi avoir confié les passeports, registres de commerce, Ninea et autres documents au dénommé Ameth (sans autres préci sioris) avant de les récupérer.
Parmi les documents, il y avait les passeports de D.Diallo. D’après Moussa Diaw, cette dame lui avait été présentée par une, de ses connaissances, B. Mballo afin qu’il lui trouve un visa pour le Portugal.
Des cartes de séjour et des visas français contrefaits établis au nom F. Kiki et M. Sleiman ont été découverts sur son téléphone portable. Moussa Diaw,a reconnu que les documents ont été contrefaits par un Libanais du nom de Hussein Hesseini qu’il aurait connu au Gabon et avec qui il travaille. Ce dernier lui envoie via Dhl les actes contrefaits depuis la Turquie, puis il accueille les migrants étrangers héberge au Sénégal Tors de leur transit.
En contrepartie, il empochait une commission de 900.000 Fcfa par candidat. Si le candidat éprouvait des difficultés pour obtenir un visa, c’est son frère Samba Ousmane Diaw qui s’en chargeait. Il a reconnu en outre avoir procédé de la sorte à plusieurs reprises avec plusieurs candidats.
Interrogé à nouveau, Samba Ousmane Diaw a confirmé les déclarations de son frère, en faisant ainsi référence au passeport de la nommée D. Diao. Pour ce qui est des trois autres passeports établis aux noms de deux Sénégalais et d’un ressortissant gambien, il a reconnu que le premier lui avait été remis par son frère. Quant aux deux autres, ils lui auraient été remis par leurs titulaires qui voulaient se rendre aux Etats Unis d’Amérique. Ils ont payé chacun 3 millions de Fcfa. Intercepté, Boubacar Soumaré, a tenté de nier toute collaboration avec le Samba Ousmane Diaw qu’il déclare ne pas connaitre.
Cependant, il a été contredit pas les passeports que ce dernier lui avait transférés pour solliciter un rendez-vous à l’ambassade du Portugal. A ce sujet, il a allégué avoir l’habitude de venir en aide aux personnes qui viennent solliciter un rendez-vous, moyennant une commission de 5.000 Fcfa. C’est la raison pour laquelle il dit se rendre souvent Vfs pour assister» les nouveaux bacheliers.
Même s’il avoue avoir inscrit plusieurs personnes sur la plateforme Vfs, Boubacar Soumaré a tout de même soutenu qu’il n’est pas un employé de cette structure. Lors de la confrontation, Boubacar Soumaré est reste constant clans ses déclarations. Samba Ousmane Diaw a prétendu n’avoir jamais dit que Suoumaré était un employé de Vfs. Par contre, il a souligné l’avoir sollicité a deux reprises pour obtenir des rendez-vous au profit de ressortissants gambiens.
CMG Libération