Le nombre de personnes âgées au Sénégal a presque doublé en deux décennies. Il devrait connaître une forte augmentation les années à venir, avec un taux d’accroissement annuel de 3,1 %. Cela implique des défis liés à la prise en charge efficiente de cette frange de la population considérée comme particulièrement vulnérable.
En effet, dans le contexte de la Journée nationale des personnes âgées, Mame Birame Faye, président du Conseil national des aînés du Sénégal, a fait part d’une loi qui pourrait améliorer les conditions de vie de ses pairs. « La loi d’orientation pour la protection et la promotion des personnes âgées va pérenniser le conseil et il faut matérialiser cela par un acte juridique. Nous avons une mission énorme de participer à l’élaboration, à l’évaluation et au suivi des politiques publiques. Mais très souvent, c’est écrit, c’est acté, mais nous ne sommes pas intégrés dans le processus », dit-il.
Cette loi permettra une démarche qui inclut cette couche de la société dans ce qui se fait au niveau des différentes instances. « Le chef de l’État a demandé de changer, lors de la conférence sociale du texte sur les institutions de prévoyance où rien n’a été fait depuis 2017. Mais nos droits, on va les arracher. Qu’on nous les donne ou pas. On ne nous entend pas, on nous écoute j’espère », clame le doyen.
Il réclame, en outre, des centres de gérontologie et de gériatrie dans toutes les régions. « Les deux pôles vont avec. C’est une médecine spécialisée. Lorsqu’on veut apporter des soins aux personnes âgées, il faut qu’on les accompagne sur le plan social », dit-il.
Et d’ajouter : « Il faut aussi des écoles des aînés pour y accueillir des jeunes. Nous avons déjà un programme pédagogique bien défini. Il faut les moyens, l’espace. On ne peut pas faire moins que le Burkina Faso qui est notre partenaire. On a tous les instruments à notre portée et qu’on semble ignorer. Même quand tu écris une lettre, on ne répond pas. Croyez-vous que c’est élégant ? Quand vous apportez un dossier dans un endroit, rien. C’est frustrant. »
Dans la même dynamique, le secrétaire général du ministère de la Santé et de l’Action sociale note que « les défis liés au vieillissement de la population dans des pays comme le Sénégal se présentent en termes d’insuffisance des services de santé destinés aux personnes âgées, de dépérissement du soutien familial, de détérioration de l’état nutritionnel, d’inégalités fondées sur l’âge et les disparités dans le pouvoir économique, mais également de vulnérabilité lors des situations d’urgence, comme l’atteste la récente pandémie à Covid-19 ».
Le docteur Abibou Ndiaye a souligné que l’État a voulu repenser la solidarité par une intervention à travers des politiques et des mesures sociales contre les risques financiers et économiques, mais aussi contre l’exclusion. « C’était tout le sens de la décision du chef de l’État de relancer, en 2013, le plan Sésame, dans le cadre de la Couverture maladie universelle avec l’accroissement de son budget ».
Par ailleurs, « l’ambition du Sénégal de consolider le lien social et de contribuer à l’instauration d’un vivre-ensemble entre les âges, est traduite par la mise en place, depuis 2008, du Programme d’appui à la promotion des aînés (PAPA), évalué et réorienté en 2022 en Programme de renforcement de la protection et de la promotion des droits des personnes âgées et entièrement financé par l’État du Sénégal, dans un contexte budgétaire que l’on sait difficile. Ce nouveau programme vise l’amélioration des conditions de vie des aînés en suscitant leur pleine implication dans les actions de formation, d’encadrement, de réflexion, de partage d’informations, de génération de revenus, en vue de favoriser leur autopromotion », dit-il parlant des réalisations dans le domaine. S’y ajoute « que le ministère de la Santé et de l’Action sociale a validé techniquement un nouveau Plan stratégique national pour le vieillissement en bonne santé (2024 – 2028) ».