Amis en dehors du terrain, les deux jeunes ailiers espagnols Lamine Yamal et Nico Williams, nouveaux visages de la Roja, ont électrisé ce début d’été en Allemagne au rythme de leurs crochets… et de leurs pas de danse.
Comme deux ados dans une cour de récré, Yamal, 16 ans, et Williams, 21 ans, ont fait souffler un vent de fraîcheur sur la compétition, avec un cocktail d’insouciance et de pur talent balle au pied. Et ils ne veulent pas s’arrêter là.
Lancés à toute vitesse comme deux “Ferrari”, selon le quotidien Marca, ils joueront vendredi contre à l’Allemagne en quart de finale de l’Euro-2024, le plus grand match de leur jeune carrière. Ils comptent bien profiter de l’absence de limitation de vitesse sur l’Autobahn pour amener l’Espagne en demi-finale, là où elle s’était arrêtée en 2021.
Sur le terrain, les phénomènes du FC Barcelone et de l’Athletic Bilbao ont totalement transformé une Roja qui restait sur un échec retentissant au Mondial-2022 au Qatar en huitièmes de finale contre le Maroc, en offrant ce qu’ils apportent à leur club respectif: du dynamisme, de la percussion et un brin de folie.
Chacun sur leur aile, “ils nous transmettent cette jeunesse et cette innocence qui sont souvent si importantes”, a estimé le milieu de terrain Rodri, tandis que son coéquipier Pedri a parlé de “deux jeunes qui s’amusent sur le terrain”.
A quelques jours de ses 17 ans, Lamine Yamal a en effet trouvé en Nico Williams, de cinq ans son ainé, un formidable partenaire mais aussi un ami et un mentor au sein de la sélection espagnole.
Les deux joueurs ne se quittent plus: inséparables au camp de base, où ils s’entraînent toujours côte à côte, ils se chamaillent en permanence, multiplient les parties de Playstation et célèbrent leurs buts ensemble avec des chorégraphies inspirées de TikTok.
Une image illustre d’ailleurs cette complicité et cette insouciance: après la victoire contre la Géorgie (4-1) en huitième de finale, où ils ont été tous les deux décisifs, Yamal et Williams se sont livrés à un pierre-feuille-ciseau pour savoir qui allait boire en premier dans une gourde. Un défi remporté par Williams.
“Il ne voulait pas me donner la bouteille! Et on joue souvent à ce genre de jeux. Cette semaine, il va devoir faire profil bas contre moi parce qu’il a pas marqué, mais j’espère qu’il pourra me faire taire au prochain match” a lancé Williams à la presse.
– Foot de rue –S’il parvient à le faire, Yamal, toujours muet malgré de nombreuses occasions de but, battrait un énième record de précocité en devenant le plus jeune joueur à marquer dans un championnat d’Europe.
Dans une Espagne actuellement gouvernée par la gauche, mais loin d’être imperméable à la montée de l’extrême droite en Europe, que le destin de sa sélection dépende grandement de deux gamins issus de l’immigration, l’un né en Catalogne d’un père marocain et d’une mère équatoguinéenne, l’autre à Pampelune, de parents ayant fui le Ghana en traversant le Sahara à pied, est un symbole fort.
C’est aussi un pied de nez à certains commentaires racistes, encore trop nombreux, de la part de supporters ou commentateurs, sur le visage que devrait avoir la Roja selon eux. Des milliers d’internautes ont par exemple critiqué Lamine Yamal en estimant qu’il n’était pas assez attaché au drapeau espagnol, car il a placé ceux de ses parents sur ses crampons.
Outre cet héritage multiculturel, les deux copains ont “beaucoup de choses en commun”, affirme Williams. Dont le fait d’avoir un jeu créatif et des qualités issues du football de rue.
“On adore regarder des vidéos, moi je regardais beaucoup de highlights de Cristiano Ronaldo, de Neymar, de Robinho. Je crois que dans le football actuel le talent de la rue se perd un peu. Moi j’étais 24h/24 sur la place de mon quartier à jouer au foot, tenter des dribbles…” a-t-il résumé au journal Marca.
Une formule pour l’instant gagnante pour la Roja, et que l’on pourrait bientôt retrouver au Barça, qui tente d’arracher Williams à Bilbao et pour qui Yamal et Pedri multiplient les appels du pied.