L’Ecole de l’armée de l’air (EAA) fête ses quarante ans qui témoignent d’une option résolue d’autonomiser l’armée sénégalaise en matière de formation de son personnel dans un métier aussi pointu que celui de l’aéronautique.
Située dans la base militaire de Thiès, l’EAA a été créée en 1984, pour prendre en charge la formation des pilotes et mécaniciens sénégalais, qui étaient envoyés auparavant à l’étranger, notamment en France et au Maroc. Cette reprise en main permet depuis lors de produire les effectifs dont l’armée avait besoin.
La célébration de ce quarantenaire axé sur le thème “40 ans au service de la formation aéronautique”, a enregistré la présence du Général de brigade aérienne Elhadji Niang, chef de l’état-major de l’armée de l’air, du chef d’escadrille présidentielle, de retraités, membres de la première promotion de l’Ecole, ainsi que de familles des parrains.
Des attachés de défense, des représentants du corps diplomatique, des responsables de l’administration territoriale et le commandant de la zone militaire N° 7 étaient aussi de la partie.
“Le quarantenaire est un moment de joie et de fierté pour nous tous”, a dit le lieutenant-colonel Ousmane Ngom, commandant de l’école, qui a évoqué “l’engagement, le dévouement et le dur labeur de plusieurs générations”. Il tire un bilan “globalement satisfaisant” de cette aventure qui, au début, n’était pas évidente.
Le commandant Diogal Diop, à la retraite après 37 ans de service, chasseur de formation, patrouilleur et pilote agricole, qui fait partie du premier groupe à rejoindre la base de Thiès en novembre 1981, a au nom de ses anciens camarades, raconté les “conditions difficiles” vécues, avec le déficit d’infrastructures d’alors. Il y avait une chambre et un salon pour tous les stagiaires, un conteneur de trois mètres de long comme salle de cours, dit-il.
Aujourd’hui, l’Ecole compte environ 200 élèves en internat, sous-officiers, officiers et civils, dans plusieurs spécialités, telles que la maintenance aéronautique, le pilotage et le contrôle aéronautique.
Dotée d’une trentaine d’avions et d’hélicoptères, d’ateliers, pour une capacité d’accueil qui tourne entre 200 et 300 élèves, l’Ecole compte sur un personnel de soutien et des instructeurs presque au nombre de 400.
L’EAA qui héberge l’Académie internationale des métiers de l’aviation civile, accueille depuis 2022 sa première promotion de personnel civil, issu notamment de la compagnie Air Sénégal, avec 30 techniciens de maintenance et 24 pilotes. Elle sort cette année.
Avec les constructions en cours, l’institution table sur 600 stagiaires, qui auront besoin d’instructeurs et de personnel de soutien à hauteur du double.
Selon le lieutenant-colonel Ngom, l’Ecole aujourd’hui en phase de “montée en puissance”, continuera sur cette lancée pour “assurer sa mission”, conformément à sa devise “Plus haut, en persévérant”.
Elle a ouvert ses portes à des stagiaires, notamment quatre nationalités, en plus des Sénégalais qui font confiance à l’école. Il s’agit de Béninois, de Togolais, de Nigériens et de Tchadiens.
“Les perspectives, c’est de pouvoir continuer à former le personnel dont a besoin le Sénégal de façon autonome. Il y a un concept d’autonomisation de la formation qui est là et l’école va pleinement y jouer son rôle”, a-t-il dit à la presse.
L’aviation attire de plus en plus de jeunes Sénégalais. “Plus de 1500 jeunes Sénégalais ont frappé à nos portes cette année pour devenir aviateurs militaires”, s’est réjoui le commandant de l’école, précisant que les élèves intègrent l’institution, après un concours national “très sélectif”.
L’aviation étant un métier en perpétuelle évolution, la structure compte relever les défis de l’innovation technologique, avec des avions de plus en plus modernes, et de la recherche, notamment dans la technologie des drones et de l’intelligence artificielle.
“Il nous appartient de nous efforcer pour être à la pointe de l’innovation, pour satisfaire les besoins de l’armée de l’air en particulier et des armées en général”, fait-il valoir.
Le Général de brigade aérienne Elhadji Niang a salué cette “belle institution”, qui aide à pourvoir en effectifs les nouvelles bases ouvertes par l’armée et garantit une autonomie dans la formation des cadres militaires.
Il a insisté sur l’impérative nécessité de continuer à investir dans les ressources humaines.
Selon lui, la création d’un centre de recherche et de technologie devrait permettre d’avoir une maîtrise des drones et de l’intelligence artificielle.
Au menu du quarantenaire, qui s’est déroulée en deux temps, à la base aérienne et à la Promenade des Thiessois, il y a eu un panel sur l’histoire et la perspective de l’aviation au Sénégal, le vernissage d’une exposition sur le même sujet, ainsi que des vols de démonstration.
Plusieurs allées, bâtiments, salles et hangars de l’institution ont été baptisés, à cette occasion, des noms de membres de la première promotion, d’aviateurs décédés, ou encore du premier commandant d’école, Raoul Dacosta.
Source ADI/ASG/AB APS