Commençons par une lapalissade, c’est-à-dire, une évidence que personne ne peut réfuter : la presse sénégalaise est malade, pas de la présence d’un virus ou d’une bactérie, mais plutôt, de son propre dérèglement. Le journalisme est devenu une sorte de refuge pour les « non orientés » professionnels ou un genre de « Louma » où l’on parle de tout et de rien. Nul besoin d’être un spécialiste pour s’en convaincre. Nous y reviendrons prochainement, In Sha Allah. En attendant, intéressons-nous à la santé financière des médias, un thème qui alimente toutes les conversations et qui commande une mobilisation, tous azimuts. Ce n’est pas une vue de l’esprit et il suffit, tout simplement, de tendre l’oreille pour entendre les plaintes et complaintes ou de jeter un regard sur les journaux pour remarquer les symptômes de la souffrance. Nous nous garderons de chercher d’éventuels coupables ou de pointer du doigt un bouc émissaire. Par contre, ne tournons pas autour du pot et surtout, n’essayons pas de minimiser la douleur d’autant plus que l’on semble tomber de Charybde en Scylla. En effet, les médias, publics comme privés, sont loin de sortir de la zone de turbulence. Nous ne gagnerions rien à cacher notre maladie au médecin traitant. Partant, il sied d’accepter de dire TOUT pour que, dans les meilleurs délais, les vraies causes du malaise soient identifiées et que les meilleurs soins soient administrés. Que faire ? Agir ensemble pour trouver des solutions durables. C’est bien de tenir des conférences ou de publier des communiqués de presse mais ce serait mieux de reconnaître que le compte des médias est gravement débiteur. Sous ce rapport, nous ne pensons pas qu’il faille limiter les initiatives à de simples appels au dialogue avec le Gouvernement. De ce fait, il urge de faire des propositions concrètes aux Services compétents afin que, très rapidement, les comptes puissent passer créditeurs et que le paysage médiatique retrouve son lustre d’antan. À ce titre, usons de tous les canaux possibles et faisons appel à l’expérience des anciens. Il en existe beaucoup, à coup sûr, et la plupart partagent les mêmes groupes « Whatsapp ». Nous pensons ainsi à la médiation des doyennes et doyens des médias, en exercice comme à la retraite. Ces sages de la presse sénégalaise, qui ont fait les beaux jours de la Radio, de la Télévision et de la Presse écrite, pourraient offrir leurs bons offices. Ne dit-on pas que la presse mène à tout ? Ainsi, en compagnie d’autres bonnes volontés, ils devraient pouvoir se porter garants d’un rapprochement entre les parties prenantes. Si cela est déjà entamé, tant mieux, sachant que la Diplomatie ne se fait pas sur la place publique.
L’heure est grave et, à notre humble avis, les conséquences sont telles qu’un diagnostic, sans complaisance, s’impose. Sous ce rapport, des questions taraudent les esprits. Primo, les entreprises de presse ont-elles réellement un modèle économique digne de ce nom ?
Secundo, n’ont-elles pas trop misé sur l’aide à la presse, sur la bienveillance des régimes précédents ou sur la générosité de certains mécènes ?
En tout état de cause, force est de reconnaître qu’il y a eu faillite quelque part et que les signes avant-coureurs étaient bien visibles. En d’autres termes, bon nombre d’observateurs, du moins, ceux qui voyaient la vague arriver, ne semblent pas être surpris par cette crise. Cela dit, il faut avoir l’honnêteté intellectuelle de noter que cette odyssée n’enlève rien au mérite des patrons de presse d’autant plus qu’ils ont osé investir et participer à l’effort de construction nationale. En plus, tous savent que la vie n’est pas un long fleuve tranquille. Il y a des hauts et des bas. C’est pour cette raison que ce n’est ni le lieu ni le moment de porter des jugements. Toutefois, la crise de la presse étant dans l’agora, nous trahirions notre humanisme et faillirions à notre esprit de solidarité et de compassion, en nous croisant les bras en l’attitude stérile d’un spectateur, comme le soulignerait Aimé CÉSAIRE, homme politique et chantre de la Négritude. Naturellement donc, l’échec de la presse n’est pas un spectacle. Pire, un journal qui ferme n’est pas une pièce de théâtre qui se joue. Disons-le, sans ambages, si rien n’est fait, l’on sera obligé d’admettre la presse aux urgences médicales, étape précédant son entrée en soins intensifs, toutes choses qui nécessiteraient des opérations à hauts risques. Qu’Allah nous en préserve !
Pour éviter toute éventualité, nous demanderions, très respectueusement, à l’État du Sénégal, de continuer de jouer son rôle de protecteur et de garant du pluralisme médiatique, en veillant au Droit à l’information.
Quant aux chefs d’entreprises de presse, nous voudrions, très confraternellement, rappeler la nécessité de revenir aux fondamentaux de la gestion et de la comptabilité publique, en s’acquittant de leurs devoirs fiscaux.
QU’ALLAH FACILITE TOUT !
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