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AMADOU SECK EUROGERM«La gouvernance des organisations patronales doit être plus transparente et inclusive»

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Président de l’Union des Prestataires, des Industriels et des Commerçants du Sénégal (Upic), Amadou Seck Eurogerm revient, dans cet entretien accordé à L’observateur, sur les questions d’actualité qui agitent le patronat sénégalais.

Le Bureau exécutif du Cnp sest réuni ce jeudi pour aborder certains sujets, notamment la problématique du renouvellement des instances dirigeantes des organisations patronales, quest-ce qui est ressorti de cette réunion ?
Le bureau exécutif du Cnp sest réuni exactement le 16 janvier 2025, dont les points du jour ont été évoqués dans la presse, avant même la réunion. Cela étant dû précisément au point 2, relatif à la déclaration du Président de l’Upic que je suis à la Tfm. Ce point bien qu’ayant duré en longueur, a vu l’intervention de seulement quatre personnes du bureau exécutif. Mais je préfère ne pas révéler le contenu de leur intervention, et de ma réponse car jai tenu à apporter la réplique à chacun ou chacune deux.

Les autres membres du bureau s’étant abstenus. Certainement ne se sentant pas directement concernés par la question. A la date de cette réunion, je devais être en déplacement comme d’habitude, mais jai dû renoncer, et modifier mon agenda dès connaissance de l’ordre du jour où je suis interpellé, car je ne voulais surtout pas un procès dans mon dos. J’avoue que je m’attendais à cet exercice puisque mon prédécesseur à l’Upic, a subi la même chose, dans des moments de divergences avec le Cnp. Pour moi, et on peut le vérifier et constater dans mon propos à la Tfm, en aucun cas, il a été question dune quelconque attaque contre le Cnp, dont je rappelle que je suis Vice-président. Je nai fait que donner ma vision sur comment doivent fonctionner les organisations professionnelles, en termes de gouvernance surtout. C’est plutôt une contribution, au vu de ma petite expérience. Pour répondre à votre question, il y avait un point sur l’état avancement de la fusion Cnp-Cnes, qui na pu être abordé. Mais, je vous rassure que la fusion est en marche et à un moment donné, les travaux seront obligatoirement révélés, soumis aux différentes organisations pour avis. Les décisions suivront.


La gouvernance des organisations patronales est un problème souvent évoqué, à votre avis, qu’est-ce qui devrait changer dans le mode de fonctionnement ? La nécessité d’un secteur privé fort et uni fait partie de vos préoccupations, quels sont les blocages et comment y parvenir ?
La gouvernance des organisations patronales doit être plus transparente et inclusive. Il est crucial d’intégrer des processus décisionnels participatifs.  Pour ce qui est des membres par exemple, on parle bien d’organisations patronales, il faut d’abord s’assurer que tous les membres de l’organisation sont affiliés à une entreprise. Soit, ils sont des patrons d’entreprise ou mandatés par une entreprise, en qualité de Dg, Drh, Daf ou autres. S’assurer également que cette entreprise existe car je peux vous dire, après cette réunion, il ma été signalé que dans certaines organisations des membres n’ont plus d’entreprise ou ne sont plus en activité, ou même plus des salariés. Comment voulez-vous que ces personnes soient représentatives du patronat. Ces personnes détiennent des postes dans des conseils d’administration. Ce qui est totalement anormal car il se pose une problématique de loyauté et de transparence vis-à-vis de l’administration publique. 

A mon avis encore, cest aux organisations en amont de mettre en place un système dadhésion fiable et transparente des membres. Je peux vous donner lexemple à Upic ou lentreprise candidate passe par plusieurs étapes, dont la visite dentreprise obligatoire. On demande également le nombre demployés et le chiffre daffaires. Dailleurs, les cotisations sont fonction du palier du chiffre daffaires de lentreprise. Il existe même à létude, le cas des entreprises en difficultés. Ce processus dadhésion nous garantit de lexistence formelle de lentreprise. Je peux vous révéler que chez nous à Upic, nous avons plus de 95% de taux de recouvrement annuel de cotisations. Pour répondre à votre question, un secteur privé fort est avant tout un secteur privé uni. Ce qui nest pas le cas au Sénégal avec des organisations à foison. Après la fusion des deux plus grandes organisations que sont le Cnp et la Cnes, les autorités doivent travailler pour que toutes les autres organisations rejoignent cette entité. Ce qui va favoriser un seul cadre déchange avec ce noyau fort. Comme cest le cas dans la majorité des pays qui nous entourent où il ny a quun secteur privé, qui est fort et force de propositions envers l’État.

Le Cnp et la Cnes ont annoncé leur fusion, est-ce suffisant pour unifier le patronat ?
La fusion entre le Cnp et la Cnes marque une étape majeure vers l’unification du patronat sénégalais. Il nous faut dépasser les divergences historiques, établir une gouvernance inclusive et fédérer toutes les composantes patronales. Une vision commune, appuyée par des actions concrètes, sera essentielle pour consolider cette union.

De manière générale, quelles sont les difficultés que le secteur privé sénégalais rencontre ?
Le secteur privé sénégalais fait face à plusieurs difficultés. La principale étant l’accès au financement. Les banques de la place appliquent des taux d’intérêt élevés et des garanties exorbitantes. Il sy ajoute le coût exorbitant de lénergie qui augmente les coûts de production. Espérons quavec les découvertes de gaz et de pétrole, cette problématique cruciale sera résolue. Sans compter le coût du transport qui explose. Je pourrai rajouter une fiscalité lourde et complexe pèse sur la compétitivité des entreprises. Je pense également à la question des compétences et de la formation, qui est un véritable obstacle pour nous. Bien quayant une population jeune et dynamique, le système éducatif narrive pas à fournir les compétences nécessaires dont a besoin le marché du travail. Sans compter la concurrence sur le marché sénégalais avec les entreprises internationales.

Que faudrait-il faire pour avoir un secteur privé fort avec de vrais champions industriels ?
Pour un secteur privé fort et des champions industriels sénégalais, il faut dabord solutionner tous les obstacles que jai cités plus haut. Cela nécessite une approche stratégique et coordonnée, impliquant des actions sur plusieurs fronts. Ces actions permettront dencourager lémergence et le développement de grandes entreprises capables de rivaliser à léchelle régionale et mondiale. Nos entreprises doivent saisir les opportunités quoffre le marché de la zlecaf. Une initiative qui vise à créer un marché continental intégré, en supprimant les barrières commerciales entre les 55 pays africains. Un marché continental qui regroupe plus de 1.3 Milliard de consommateurs. De réels opportunités pour le Sénégal dans les domaines Agro-alimentaire, Textile et artisanat, Tic et fintech, Energie et infrastructure etc. Les Pme et start-ups sénégalaises doivent dès à présent cibler des marchés africains.

Vous étiez récemment avec le Premier ministre, Ousmane Sonko, en Gambie, pour le Forum économique, quelles retombées ce genre de voyages peut avoir pour le secteur privé ?
Les voyages économiques du Premier Ministre Ousmane Sonko, comme il a été le cas récemment en Gambie, offrent des opportunités énormes pour le secteur privé. Je tiens à remercier le Premier ministre dassocier le secteur privé, mais surtout présider le forum économique où il a tenu un discours retraçant les points saillants pour une coopération basée sur un partenariat gagnant gagnant pour les deux pays.  LUpic, étant la principale organisation dindustriels du Sénégal, a été contactée et choisie pour travailler sur lélaboration dun Mou, avec la partie adverse Agm (Association of Gambian Manufacturers). Un des moments forts et concrets de la cérémonie a été la signature du protocole daccord entre les deux parties privées. Lobjectif étant de faciliter, renforcer et promouvoir la coopération et le partenariat entre les deux organisations, afin de consolider les relations bilatérales dans lindustrie, lénergie verte et bleue et le secteur dactivité manufacturier. Ainsi que le développement des capacités techniques et humaines. Jen profite pour vous annoncer en priorité la venue très bientôt, dune délégation de Agm au Sénégal. Les principaux axes de plan de travail sont déjà établis par les parties. Voilà le type de retombée concrète issue du déplacement du Pm en Gambie pour le secteur privé Sénégalais. Je loue le travail préparatoire de lApix, mais lagence devrait davantage se rapprocher du secteur privé pour des séances de travail afin de mieux réussir les déplacements économiques du Premier ministre.
 
Vous êtes le président de lUpic, quel est le rôle de cette structure ?
LUnion des prestataires, des industriels et des commerçants du Sénégal (Upic) est née de la fusion, le 23 mai 2012, du Syndicat Professionnel des Industries et des Mines du Sénégal (Spids) et du Syndicat des Commerçants Importateurs, Prestataires de Services et Exportateurs du Sénégal (Scimpex). Elle est le groupement dindustriels le plus représentatif au Sénégal, près de 100 entreprises. Elle joue un rôle central dans la promotion et la défense des intérêts des acteurs économiques du Sénégal. Notre structure vise à fédérer les prestataires de services, les industriels et les commerçants autour dune vision commune : renforcer léconomie nationale et favoriser un environnement propice aux affaires. Nous agissons comme un pont entre le secteur privé et les institutions publiques, plaidant pour des politiques favorables à linvestissement, à la création demplois et à la compétitivité des entreprises locales.

Notre objectif ultime est de contribuer à l’émergence dune économie résiliente et inclusive au Sénégal. Jai pris la présidence de l’Upic en août 2017, après Donald Baron et Christian Basse. Ma mission étant de m’investir pour accompagner nos membres à travers un secrétariat dynamique à leur disposition. Nous sommes lune des rares organisations patronales ayant une parfaite autonomie financière, par la quasi-cotisation de l’ensemble des membres. Elle est également, à ma connaissance, la seule organisation à détenir un portefeuille d’actions dun montant estimé à un milliard cent trente-six millions FCfa (1 136 000 000 Cfa). Vous comprendrez aisément mon rôle dans la protection et la défense des intérêts de nos membres dans toute opération de rapprochement. Nous sommes parfaitement favorables, nous exigeons que cette opération se fasse sur des principes transparents basés sur le poids réel de chaque organisation.

Le chômage reste un problème préoccupant, surtout pour les jeunes, quelles solutions préconisez-vous ? 
Je dirai que le chômage en Afrique est une problématique très complexe. Il est amplifié par une croissance démographique rapide qui, souvent, dépasse les dirigeants. Pour solutionner le problème du chômage, je peux donner quelques pistes stratégiques : développer les secteurs porteurs demplois, à savoir une agriculture moderne et agro-industrie, développer la transformation locale des matières premières par la création dindustries manufacturières, développer la technologie et linnovation, développer laccès à lénergie et encourager les emplois verts, développer la culture et le tourisme. Il nous faut davantage encourager lentrepreneuriat par une politique incitative à la création et à laccompagnement de start-ups, et surtout mettre en place un code des investissements attractif. Il faut également investir davantage dans léducation et la formation. Nous avons un réel besoin de jeunes formés dans la formation professionnelle et lapprentissage. Il faut améliorer les infrastructures, et surtout développer des politiques publiques favorables à lemploi. Penser au développement du secteur informel. Concernant la lutte contre le chômage, les défis sont énormes, mais nous pouvons et devons transformer ces défis en opportunités.

ADAMA DIENG

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