Politique

[Focus] Pds : Karim Wade, un exilé encombrant ?

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En attendant son retour à Dakar, dont la date n’est pas jamais fixée, Karim Wade, candidat recalé à deux reprises (2019 et 2024) à la présidentielle, reste incontestablement l’homme fort du parti de son père, le Pds. Mais sa légitimité est de plus en plus contestée dans les rangs de la formation bleue jaune où l’exilé semble de plus en plus encombrant.

« Le problème de fond du Pds, c’est Karim Wade », déclarait en 2019, Oumar Sarr. Dans un entretien avec Rfi, l’ancien numéro 2 de la formation libérale était d’avis que « ce qui intéresse [Wade-fils], c’est de prendre éventuellement en otage le Pds pour l’utiliser plus tard pour ses affaires ». Mais le maire de Dagana n’est pas le seul responsable dudit parti à fustiger l’attitude de M. Wade. Pratiquement toutes les grosses pontes qui ont quitté le navire de Maître Abdoulaye Wade ont accusé son fils aîné de vouloir s’accaparer ce parti historique fondé, depuis 1974.
Le dernier épisode en date est l’affaire Woré Sarr, qui a claqué la porte après avoir été démise de ses fonctions de présidente de la Fédération nationale des femmes du parti libéral.
C’est notamment le cas de la députée Mame Diarra Fam qui assimile ce limogeage à une trahison et une humiliation de toutes les femmes du parti avant de prédire d’autres démissions devant intervenir dans la foulée de celle de Mme Woré Sarr. Elle n’a pas été la seule à exprimer sa colère et son soutien vis-à-vis de l’ancienne maire de Médina Gounass puisque de nombreux responsables et militants libéraux ont exprimé leur soutien à la députée et fustigé son remplacement. Se prononçant sur cette affaire, justement, Doudou Wade, tout en estimant que Me Wade doit être déchargé de ses fonctions de secrétaire général national, s’est interrogé sur l’authenticité des signatures des documents actant le remplacement à la tête de la Fédération nationale des femmes. Une façon sans le dire d’indexer Karim Wade accusé par ses détracteurs de prendre des décisions qui n’engagent pas son père. Autrement dit, pour nombre de « sopistes », la décision de « sanctionner » Woré Sarr n’aurait été prise que par Wade-fils. Lequel est accusé de vouloir écarter les militants de la première heure pour se faire entourer par ses propres hommes et femmes afin de faire une Opa sur le parti de son père.
Quoi qu’il en soit, il n’est nullement besoin d’affirmer que cette vague de contestations risque de porter le coup de grâce à un Parti démocratique sénégalais qui ne dispose plus de sa force d’antan. En tout cas, avec la prochaine Déclaration de politique générale du Premier ministre et la très probable tenue des élections législatives, le Pds, qui se réclame de l’opposition, selon Doudou Wade, ferait mieux d’éviter de provoquer la colère dans ses rangs et devrait au contraire travailler pour son unité et sa massification. Poursuivant, l’ancien patron des députés du Pds estime que ces deux rendez-vous importants peuvent constituer des tests grandeur nature eu égard aux positions que le parti va adopter face au nouveau pouvoir.

Le Pds à l’épreuve des anti-systèmes

Selon toute vraisemblance, Karim Wade, perçu par certains Sénégalais comme un « fantôme », est devenu l’homme fort du Pds. Depuis le Qatar, c’est lui qui prend toutes les décisions qui engagent ce parti qui a accédé au pouvoir en 2000 après 26 ans d’opposition résolue au régime socialiste. C’est pourquoi, d’aucuns le soupçonnent d’être le véritable auteur de la chute de Woré Sarr. De toutes les manières, depuis qu’il a été choisi comme candidat pour faire revenir le Pds aux affaires en 2019 puis en 2024, deux compétitions lors desquelles il a été déclaré inéligible, l’ancien tout-puissant ministre « du Ciel et de la Terre » s’est positionné comme le seul décideur à qui tout le monde doit obéir au sein du Pds. Ce privilège, il le doit à son père qui l’a mis très tôt en selle pour assurer la relève. Il le doit aussi à son patrimoine financier qui fait qu’il est perçu comme ayant la possibilité de pouvoir financer le parti. Disposant de nombreux et influents soutiens à Touba, d’aucuns avaient estimé qu’il était le mieux placé pour faire revenir le Pds au pouvoir. En dépit de tous ces atouts, pourtant, et sans doute aussi du fait de sa longue absence du territoire national qui l’a éloigné des populations, Karim Wade n’a jamais réussi à se mettre en orbite. En outre, la nouvelle reconfiguration de la scène politique nationale, qui a propulsé le Pastef au pouvoir des dirigeants beaucoup plus jeunes et en phase avec les aspirations du peuple, et tenant surtout un discours anti-système, n’est pas de nature à lui faciliter les choses.
Mais tout compte fait, le Pds, disposant d’une longue expérience politique et habitué à surmonter les moments de troubles depuis sa naissance, n’a sans doute pas encore dit son dernier mot. Il doit donc se remettre en ordre de bataille au plus vite vu l’imminence des prochaines échéances politiques. Pour cela, il lui faudra resserrer les rangs et, surtout, bénéficier de la présence de Karim Meïssa Wade sur le terrain. Mais quand est-ce qu’il compte regagner le pays qu’il veut diriger ? 

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