Fossi Wandji est arrivé à Séoul en 2022 pour fuir les violences au Cameroun et sa demande d’asile est à l’étude: en attendant, il représente la Corée du Sud à la Coupe du monde de football des sans-abri.
“Je ne sais pas comment l’expliquer mais je sens que c’est mon pays”, confie-t-il à l’AFP, au bord d’un terrain de l’Université Hanyang de Séoul.
“J’ai quitté le Cameroun parce que le pays était en guerre”, explique-t-il, en référence au conflit séparatiste qui ébranle la partie anglophone du pays majoritairement francophone. “Je prie Dieu d’avoir l’asile.”
Alors qu’il tente de fuir son pays, on lui conseille de partir pour la Corée du Sud. Il est loin de s’imaginer qu’il va vivre dans un aéroport pendant plus d’un an.
Lorsque le jeune homme aujourd’hui âgé de 27 ans arrive à Séoul, en octobre 2022, le ministère de la Justice rejette immédiatement sa demande d’asile mais il saisit les tribunaux pour obtenir l’annulation de la décision.
Il se retrouve alors bloqué dans la zone de transit de l’aéroport d’Incheon, une étrange faille dans le système – normalement très strict – d’immigration sud-coréen.
“J’avais un endroit où je pouvais mettre une couverture”, dit-il pour décrire le lieu de vie qu’il partage avec dix autres personnes, dont un Russe qui a fui la conscription pour échapper à la guerre en Ukraine.
Des photos publiées par le journal sud-coréen Hankyoreh montrent Fossi Wandji en train de se fabriquer un lit de fortune et utilisant des boîtes de nouilles pour s’isoler des autres demandeurs d’asile.
– Un but marqué –Wandji quitte le Terminal 2 de l’aéroport en 2023 avec un permis de séjour après qu’un tribunal a annulé la décision du ministère de la Justice. Sa demande d’asile est toujours à l’étude.
Pour améliorer ses chances, il participe au sein de l’équipe sud-coréenne à la Coupe du monde des sans-abri, organisée chaque année depuis 2003 et qui a débuté samedi pour une semaine.
L’évènement encourage la sortie de l’exclusion par le football et invite à remettre en question la perception des sans-abri par la société.
Le tournoi, qui est soutenu pour la première fois par la Fifa, rassemble des équipes nationales composées de huit joueurs, jeunes, sans-abri, réfugiés ou anciens toxicomanes.
La Coupe du monde des sans-abri a déjà inspiré un film réalisé par Thea Sharrock avec l’acteur britannique Bill Nighy, “Le Beau jeu”, ainsi qu’un long métrage coréen en 2023 intitulé “Dream”.
Cette année, 52 équipes venues de 38 pays s’affrontent pour le titre dans des matches de 14 minutes.
Fossi Wandji a postulé en mai pour rejoindre l’équipe sud-coréenne qu’il a intégrée en juillet après des essais. Hong Seung-woo, un de ses coéquipiers, juge sa présence cruciale: “Sans ses aptitudes à défendre, nous aurions encaissé beaucoup de buts”, dit-il. Le Camerounais a aussi marqué un but lors des cinq premiers matches de l’équipe.
La compétition terminée, il reprendra son combat pour l’asile.
La Corée du Sud a signé des conventions internationales sur les réfugiés mais le pays n’accepte qu’un petit nombre de demandeurs d’asile chaque année.
Il a reçu plus de 116.400 demandes d’asile au cours des 30 dernières années, mais en a approuvé 1.507, soit un taux d’acceptation de 1,29 %, selon les données du ministère de la Justice.
par:seneweb
