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Les Kenyans attendent des excuses et réparations du nouveau souverain Charles III

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Au Kenya, le règne de la reine d’Angleterre ne laisse pas que des souvenirs positifs. La colonisation britannique a laissé des blessures et beaucoup attendent encore des excuses et réparations pour les atrocités commises pendant la période coloniale. Un dossier qui attend le roi Charles III alors que Londres n’a, à ce jour, pas présenté d’excuses.

Avec notre correspondante à NairobiAlbane Thirouard

Le Kenya a une relation particulière avec Elizabeth II depuis le 6 février 1952 quand, durant un déplacement dans le pays, elle a appris la mort de son père et est devenue, de ce fait, la reine d’Angleterre.

Mais cette époque coïncide également avec le début de l’insurrection des Mau Mau, les rebelles anticoloniaux. Période pour laquelle Londres a exprimé des regrets en 2013 pour certaines exactions commises durant la répression britannique de l’insurrection des Mau Mau, dans les années 1950. Londres avait alors indemnisé plus de 5 000 vétérans.

Mais beaucoup d’autres victimes attendent toujours. C’est notamment le cas des communautés Kipsigis et Talai, qui demandent réparation pour avoir été maltraitées et expulsées de leurs terres au profit des plantations de thé, à Kericho, dans l’ouest du pays. Une plainte a d’ailleurs été déposée en août devant la Cour européenne de justice et le sujet reste une plaie ouverte pour certains. « La réponse du gouvernement britannique n’a jamais été à la hauteur », dénonce Joel Kimutai Bosek, l’un des avocats représentant 150 000 victimes.

« Ce sont les horribles cicatrices du Commonwealth »

Les Anglais « ont adopté une attitude “je m’en foutiste”, balayant les demandes de réparations plutôt que d’endosser la responsabilité de leurs actions », regrette-t-il. Mais il garde espoir : « On ne peut qu’espérer que Charles adoptera une attitude différente. Il devrait reconnaître que sa famille n’a pas eu un rôle uniquement positif. S’il veut continuer à maintenir le Commonwealth uni, il doit s’assurer que les injustices du passé soient prises en compte. Ce sont les horribles cicatrices du Commonwealth ».

En attendant, ces terres sont aujourd’hui toujours exploitées pour la culture du thé exporté par de grandes multinationales. En mai, les représentants des victimes avaient écrit une lettre au prince William mais l’appel est resté sans réponse. Le temps presse, souligne Joel Kimutai Bosek, car la plupart des victimes sont déjà très âgées.

Suite à l’annonce de la mort de la reine, le président sortant, Uhuru Kenyatta a déclaré une période de deuil national au Kenya. En hommage à la défunte souveraine, les drapeaux kényans resteront à moitié baissés dans les lieux officiels jusqu’à lundi.

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