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PÉTROLE ET GAZ : « D’ici à cinq ans, Petrosen maillera le Sénégal avec 130 stations-service » Par Manar Sall

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À quelques mois de l’entrée en production
des champs GTA et Sangomar, Manar
Sall, le directeur général de la filiale
« aval » de la Société des pétroles du
Sénégal, décrit à Jeune Afrique son
ambitieuse feuille de route.

En entrant dans son lumineux bureau, dans le centre de Dakar, nos yeux s’attardent sur la photo de Mohamed Ali triomphant sur un ring, celle de l’astronaute Neil Armstrong en combinaison sur la lune, ou encore sur l’impressionnant trophée du
Cauris d’or de « meilleur manager homme » en 2022.
Manar Sall, 58 ans, porte ce jour-là une chemise d’un blanc immaculé et un costume bleu, auquel sont assortis sa cravate et ses bretelles. Sa barbe poivre et
sel est impeccablement taillée. Pas de doute, le directeur général de la filiale Petrosen Trading & Services, ancien cadre d’Exxon et d’OiLibya, « 29 ans de pétrole » au compteur, a appris à maîtriser son image.
Trois ans après son entrée en fonction, consécutive à une réorganisation de l’entreprise publique, l’homme
revient sur les chantiers en cours d’une filiale qui se consacre à l’approvisionnement du marché en
produits pétroliers, et à la distribution. « La façon la plus simple de s’assurer que les ressources naturelles profitent un maximum au peuple, c’est que la
distribution soit gérée par une société nationale qui, à la différence d’une société privée, n’a pas forcément vocation à réaliser un profit maximal », estime-t-il, en
érigeant en modèle des sociétés comme Petronas (compagnie pétrolière malaisienne), Petrobas (Brésil),
Equinor (Norvège) ou encore Sonatrach (Algérie).
Moins de 20 km pour trouver une station-service Parmi les projets d’ampleur de Petrosen Trading & Services, l’ambition de mailler le territoire avec des stations-service. « Nous visons 120 à 130 stations service d’ici à quatre ou cinq ans au maximum, dans les quatorze régions du Sénégal. Aucun Sénégalais ne
devra faire plus de 20 km pour trouver une station », indique Manar Sall.
À LIRESonangol, Sonatrach, NNPC… Les 50
champions africains du pétrole, du gaz et de l’énergie Petrosen a, pour le moment, inauguré six stations terrestres, à Diamniadio, Fatick, Dagana, Linguère,
Kédougou et, récemment, à Kaolack : «Cette dernière station a ouvert en mars, c’est la plus grosse d’Afrique de l’Ouest, avec neuf îlots », assure Manar
Sall. La société nationale dispose également de cinq stations maritimes, à destination des pêcheurs, que
ce soit à Ouakam, Mbour ou Joal.
Depuis un an, Petrosen qui dispose d’un
département innovation digitale – a lancé une application mobile qui permet aux usagers d’acheter ou de transférer du carburant avec un QR Code dans
226 stations-service partenaires.
Si TotalEnergies domine actuellement le marché avec un réseau de plus de 170 stations-service – on en dénombre plus de 1 000 dans le pays, concentrées pour l’essentiel dans la région de Dakar et exploitées par Vivo Energy, OLA Energy (ex-OiLybia) ou encore Oryx Energies –, Manar Sall se veut
ambitieux : « Nous voulons être numéro un au Sénégal en ce qui concerne la distribution dans les stations-service. On ne rentre pas dans le marché pour être numéro trois ou numéro quatre. »

Distribution de gaz butane Deuxième projet d’envergure : Petrosen T& S va distribuer du gaz butane à partir de juillet-août, pour
en démocratiser l’accès, et lutter contre la
déforestation, liée notamment à la production de charbon de bois.
Au DG de faire fièrement défiler sur son smartphone des photographies de bouteilles de gaz bleues estampillées au nom de la société pétrolière, de trois
contenants différents : 3, 6 et 12 kilos – qui ne devraient donc pas tarder à arriver sur le marché.
« Aujourd’hui, dans les zones éloignées, les gens n’ont pas accès aux bouteilles de gaz butane, le prix devient très vite un facteur limitant à cause des frais de transport… Il n’y a pas de péréquation, au contraire de l’essence, où le prix est le même dans
tout le pays. Nous, nous allons assurer que les prix sont les mêmes, que ce soit à Dakar ou dans les régions. Pour cela, nous allons investir dans des centres emplisseurs de gaz. On ne transportera plus de bouteilles vides. » Encore une fois : « Nous voulons être leaders sur ce marché », assène Manar Sall.
À noter que Petrosen T & S importe 25 % des besoins en gaz butane du marché sénégalais – dont la demande s’établit à 210 000 tonnes par an.

Petrosen pour se développer dans l’urée
(1,45 milliard $)

Un chiffre d’affaires de 525 milliards
de F CFA en 2022
Tout ambitieux qu’il soit, le projet de mailler le territoire avec des stations-service ne représente pour le moment qu’environ 2 % du chiffre d’affaires de
Petrosen T & S, qui repose à 90 % sur la partie
« trading ». « Nous sommes le bras armé de l’État pour assurer et sécuriser l’approvisionnement du pays en produits pétroliers. Nous importons du produit
quand le pays en a besoin, en complément de la production de la Société africaine de raffinage, dont la capacité de production de produits raffinés est récemment passée de 1,2 à 1,5 million de tonnes par
an. La demande du marché est estimée à 2,6 millions de tonnes par an, nous assurons avec d’autres
acteurs le reliquat », précise Manar Sall.

Le chiffre d’affaires de la filiale est passé de 3 milliards de F CFA en 2020 (date de sa création), à 56,8 milliards en 2021, jusqu’à atteindre 525 milliards
(800 millions d’euros) en 2022. « L’année dernière, nous avons approvisionné le marché durant l’arrêt métal

[période de maintenance qui survient tous les cinq ans, ndlr] de la SAR, qui a duré de décembre 2021 à juin 2022. On parle de la fourniture de 40 à 50 000 tonnes de gasoil par mois, et de 10 à 15 000 tonnes de super, sur cette période. En 2022, notre
chiffre d’affaires a de fait été légèrement gonflé. Il devait se stabiliser autour de 300-350 milliards de FCFA en 2023 », projette-t-il.

Une couverture de la chaîne de
l’amont à l’aval D’autres activités contribuent au chiffre d’affaires de
la filiale Petrosen Trading & Services. Après avoir remporté un appel d’offres auprès de la compagnie pétrolière australienne Woodside, Petrosen s’occupe
de l’approvisionnement en Marine Gasoil (MGO) des bateaux qui travaillent sur la plateforme Sangomar, et prend également en charge les ventes industrielles
de produits pétrolier gaziers pour des clients comme le groupe de BTP sénégalais CSE.
Quant à la livraison de produits raffinés aux
compagnies aériennes ? « Les acteurs actuels doivent entériner notre entrée sur ce marché. Nous sommes toujours en discussion avec eux. Petrosen T & S doit
être en mesure de distribuer tous les produits. »
Petrosen – à travers son holding et ses deux filiales détient aujourd’hui 51% du Réseau gazier du Sénégal
(RGS), et 93,5 % de la Société africaine de raffinage.
« Nous couvrons toute la chaîne, de l’amont à l’aval.
Nous avons l’ambition raisonnable de devenir un géant pétrolier et gazier en nous appuyant sur nos ressources naturelles, afin d’améliorer le niveau de vie des Sénégalais », appuie Manar Sall. « Il n’y a pas de vent favorable à celui qui ne sait pas où il va. Les lendemains vont chanter, j’en suis persuadé. »

Jeune Afrique

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