Le double ballon d’or africain, El Hadj Diouf, jette un œil sur le rétroviseur et livre à Seneweb ses souvenirs de Coupe d’Afrique des Nations (CAN). Avec son franc-parler habituel, Diouf n’a éludé aucune question.
Qu’est-ce qui qui t’a motivé à jouer au football ?
Lorsque j’étais jeune à Balacoss dans la région de Saint-Louis, je regardais avec admiration la génération de feu mon père Jules François Bocandé, les joueurs des CAN 86 et 90. C’est avec eux que j’ai commencé à suivre et à aimer le football. Cette génération m’a forgé. Jules François Bocandé n’était pas le plus talentueux, mais il avait le courage et la détermination. Des qualités qu’il m’a transmises.
Ce qui t’a le plus marqué dans ta carrière footballistique ?
C’est notre finale de la coupe d’Afrique des nations en 2002 au Mali où nous nous sommes inclinés aux tirs au but contre la Cameroun. La première fois que le Sénégal accédait à ce stade en compétition continentale, on avait donné beaucoup de bonheur au peuple. On était au Mali, mais on a senti le bonheur des Sénégalais.
Quel est le joueur qui t’a le plus marqué ?
Jay-Jay Okocha. J’aimais sa façon de jouer au football, sa technicité. C’était un joueur phénoménal. Il y a également Bocandé par rapport à son comportement et sa façon de faire, je rêvais d’être comme lui grâce à son caractère.
En tant qu’attaquant, le joueur le plus difficile à affronter ?
Rigobert Song. Un défenseur constant et très présent, même si je tentais des dribbles ou essayais de l’humilier, il était toujours concentré sur le match.
“Guy Stéphan et Gérard Houillier sont mes pires coachs”
Le stade qui est resté gravé dans ta mémoire ?
Le stade du Caire. L’ambiance était impressionnante, en tant que joueurs nous avions du mal à communiquer tant il y avait du bruit, avec 100 000 personnes présentes. Je n’oublierai jamais cette ambiance.
Ton meilleur coach?
En club, c’est Sam Allardyce. Je le considère toujours comme un père. Il m’a toujours défendu et montré de l’amour. Et même aujourd’hui encore, on a gardé contact.
Mon meilleur coach en équipe nationale, c’est Bruno Metsu. C’était la classe incarnée, et je le considérais comme un grand frère. Il restait des mois sans toucher de salaire mais ne se plaignait pas. Le Sénégal lui doit tout.
“Il n’y avait pas d’union. La différence maintenant, c’est le Manko Wutti Ndam Li”
Et ton pire coach ?
En club, c’est Gérard Houillier. Footballistiquement, je n’ai rien appris de lui.
En équipe nationale, c’est Guy Stéphan. Il est venu casser tout ce que Bruno Metsu avait mis en œuvre. Nous n’étions pas d’accord avec ses méthodes, nous voulions qu’il y ait de la continuité. On a essayé de lui parler pour lui signifier que sa méthode ne marcherait pas au Sénégal, mais il n’a rien voulu entendre.
Quel est ton plus mauvais souvenir de CAN ?
Au Ghana à Tamalé, on n’est pas sorti de la phase de poules alors qu’on avait la meilleure équipe à cette époque. Il y avait des problèmes entre journalistes et joueurs et entre journalistes et coach. Il n’y avait pas d’union. La différence maintenant, c’est le Manko Wutti Ndam Li (tous unis pour un même but).
En plus de ça, on nous avait accusé d’avoir fait des sorties nocturnes avec Tony Sylva et Ousmane Ndoye, alors que ce n’était pas vrai.
El Hadj Diouf un fêtard ?
Avant le match qualificatif pour la coupe du monde 2002 contre le Maroc, j’étais sorti la nuit. Et pourtant le jour du match, j’étais au top. L’essentiel c’est atteindre ses objectifs, la manière importe peu. Il faut responsabiliser les gens, on ne peut pas être entraîneur de Sadio Mané, de Kalidou Koulibaly ou de Gana Gueye et leur rappeler à chaque fois ce qu’ils doivent faire.