Transports urbains : Les bons comptes des clients et taximen sur l’autoroute des innovations
Beaucoup de taximen ont amorcé le virage de l’utilisation des applications Yango, Heetch. Ces innovations permettent aux clients de perdre moins de temps pour trouver un taxi et à des prix plus compétitifs que ceux proposés par leurs camarades qui ne sont pas à l’ère des nouvelles technologies. Tous les taximen qui sont sur ces deux plateformes ont vu leurs recettes bondir. Elles sont passées de 15.000 francs Cfa à 35.000 francs Cfa. Tout le monde trouve son compte.
Le secteur du transport est en pleine mutation au Sénégal. L’introduction des applications facilitant la mise en relation entre les usagers et les chauffeurs de taxi est l’une des dernières innovations qui enchante des clients comme Famara Dabo. Cette fonctionnaire âgée d’une trentaine d’années, par souci d’économiser du carburant, décide de laisser sa voiture à la maison, un jour durant le mois du ramadan. Et, elle fait alors appel à un taxi Yango. Elle a eu une belle surprise : là où elle payait entre 4000 et 4500 francs, le taxi Yango propose un tarif de 2.500 francs CFA. L’écart est abyssal. « Durant le ramadan, il y avait tout le temps, des bouchons aux heures de descente. Et, je perdais trop de carburant. Ce n’était pas trop bénéfique pour moi. J’ai décidé de garer ma voiture et de tester le Yango tant vanté par un ami qui m’en avait parlé un jour. D’ailleurs, c’est lui qui m’avait téléchargé l’application, même si je ne lui accordais aucune importance auparavant’’, confia-t-il. L’avantage, elle n’a pas mis du temps pour trouver un taxi. Elle n’a pas aussi perdu du temps pour négocier le prix juste. Il avait validé sa commande avant que le taximan ne se déplace.
Au détour d’une boutique de Ouakam, nous croisons Maïmouna Samb. La jeune dame s’impose de par son physique et sa beauté. Elle dégage l’air d’une femme ‘’ Chicha Chacha’’. Elle est à la page au plan du dressing. Elle est aussi à la page de l’utilisation des nouvelles technologies pour solliciter un service d’un taximan. Un jour, grâce à une application Heetch, elle emprunte un taxi. Entre Grand-Yoff et Sacré-Cœur, le trajet lui est facturé à 1960 Francs Cfa. Le prix est à sa portée. La fausse note, c’est la dispute avec l’automobiliste.
« Une fois arrivée, je lui ai demandé de contourner le petit carrefour pour que je puisse descendre de l’autre côté de la route parce que c’est là que se trouve le bâtiment où je devais me rendre. C’est alors que les problèmes ont commencé. Il m’a demandé d’ajouter 250 francs Cfa », raconte la dame. Elle croyait que c’était une blague. L’insistance du taximan le fait sortir de ses gonds. Le taximan sort de sa voiture pour la poursuivre. C’est son frère qui était venu à son accueil qui l’a ramenée à la raison. C’est un incident mineur qui ne pourra pas reléguer au second plan les avantages comparatifs de l’introduction des nouvelles technologies dans le secteur du transport.
Pour la même distance entre Ouakam et Sahm, le client n’aura pas à débourser la même somme. Celui qui se fait transporter par un taxi Yango paiera 1400 alors que le passager qui sera à bord d’un taxi Heetch, déboursera 2.000 francs CFA.
L’application Heetch fournit des informations sur les coordonnées du conducteur, la marque de la voiture, l’estimation du temps d’arrivée. Alors pour Yango, le client a les coordonnées du chauffeur, la marque de la voiture, sa position, la durée du trajet menant vers la destination finale de l’usager. L’autre remarque, avec l’application de Heetch, le tarif est ajusté en cas de contournement, d’escale ou de dépassement de la destination.
Un nouveau virage
Ces applications amorcent le virage de l’encadrement du tarif au grand bonheur des usagers. Mais ils ne sont pas les seuls à tirer profit de l’introduction de ces applications. Les taximen y trouvent leur compte. L’information voyage. Dans le milieu du transport, elle est véhiculée par des chauffeurs. Cheikh Diagne s’est inscrit sur l’application Yango grâce à un de ses amis taximan. Pour la première fois et après 12 ans de métier, Cheikh Diagne a vu ses recettes journalières passées du simple au double. « Je gagnais entre 15.000 francs Cfa et 20.000 francs Cfa. Aujourd’hui, je peux avoir entre 25.000 francs Cfa et 35.000 francs Cfa », a révélé Cheikh Diagne.
Cette somme est considérée comme leur paie. Par contre, l’argent encaissé au cours de la journée par le biais de l’application est reversé le soir à l’agence de Yango.
Depuis l’introduction des applications, un nouveau s’est levé pour les taximen. Parmi ces derniers, figure Moussa Keïta. Ce dernier a inscrit ses trois véhicules sur la plateforme Heetch. Si hier, il fallait qu’il se démène comme un beau diable pour avoir 10.000 francs Cfa, aujourd’hui, ses recettes peuvent facilement franchir la barre de 35.000 francs Cfa.
« S’il arrive que le chauffeur, après 6h heures de travail, ne parvienne pas à réunir 20.000 francs Cfa, l’entreprise s’engage à compléter la somme jusqu’à 25.000f. Une somme qui ira directement dans la poche du conducteur », informe Moussa Keïta.
Une marge de liberté
Une marge de liberté est aménagée pour ne pas pénaliser le chauffeur. Il peut suspendre temporairement en choisissant l’option hors ligne. L’inconvénient : le taximan encourt le risque de régresser au lieu de progresser pour dépasser le niveau Bronze, le plus bas et perdre encore du temps pour atteindre le sommet, c’est-à-dire, le niveau Diamant. La progression du chauffeur est fonction de sa disponibilité précisément du nombre de commandes validées. Le taximan qui est à l’échelle de Bronze reçoit uniquement les informations sur la destination et le prix.
Tandis que celui qui est à l’échelle qualifiée de Diamant a droit à toutes les informations. Il a même la possibilité de décliner la commande si elle ne l’arrange pas. A côté de ses applications, on retrouve, Yassir, Sama Taxi, Dawal entre autres. La révolution est donc en cours dans le secteur. Elle profite à tout le monde.