Visite du Secrétaire général de l’ONU à Dakar : des défis majeurs évoqués et des solutions intégrées souhaitées
« Tout pays ou organisation qui pense pouvoir relever seul les défis auxquels nous sommes confrontés, fait fausse route ».
Le Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, vient d’effectuer au Sénégal une « visite de solidarité pour le Ramadan », à l’occasion de laquelle il s’est entretenu avec le Président Macky Sall, par ailleurs Président en exercice de l’Union Africaine.
Conscient que dans le contexte mondial actuel pratiquement toutes les grandes questions sont liées, Covid-19, crise économique, insécurité, crise climatique, crise énergétique, guerre en Ukraine…, le Secrétaire général a dès le début de sa visite appelé à une mutualisation des efforts, à travers des approches holistiques et intégrées, à tous les niveaux, national, régional, global, pour venir à bout des défis majeurs interconnectés auxquels le monde fait face. C’était à l’occasion de la rencontre avec l’Equipe-pays des Nations Unies, les directeurs régionaux, la Stratégie Intégrée des Nations Unies pour le Sahel (UNISS), le Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest, ainsi que quelques partenaires au développement, qu’il a enjoint toutes les entités de l’ONU au Sénégal et dans la sous-région, à travailler main dans la main, entre elles et avec les Gouvernements, afin de relever les défis, pour mieux servir les populations, en particulier les plus vulnérables. Aussi, a-t-il au terme de cette rencontre félicité l’Equipe-pays des Nations Unies au Sénégal, sous le leadership du Coordonnateur Résident Siaka Coulibaly, ainsi que toutes les entités des Nations Unies présentes au Sénégal, pour le travail de qualité réalisé dans le pays et dans la sous-région.
Une coopération ancienne entre le Sénégal et l’ONU, marquée par le sceau de l’excellence
Dans sa déclaration face à la presse, le Président Macky Sall a salué la qualité des relations entre le Sénégal et les Nations Unies ; des relations de longue date empreintes de confiance mutuelle. La Maison des Nations Unies de Diamniadio constitue à n’en point douter un gage supplémentaire de la qualité de la coopération entre le Sénégal et les Nations Unies. « La Maison des Nations Unies à Diamniadio, un nouveau symbole de notre partenariat florissant » a déclaré le Secrétaire général à l’issu de la visite qu’il a effectuée avec le Président Macky Sall, dans ce complexe grand comme vingt-huit terrains de football, qui va accueillir la totalité des Agences des Nations Unies, pour un effectif de 2245 personnes.
Le Président Macky Sall a pour sa part, souligné dans sa déclaration que la Maison des Nations facilitera davantage les interactions entre les différentes entités de l’ONU au Sénégal, mais également avec le Gouvernement, tout en rappelant que plusieurs Ministères ont d’ailleurs déjà déménagé à Diamniadio.
Une situation toujours préoccupante en Afrique de l’Ouest et au Sahel
Le Secrétaire général Antonio Guterres n’a pas manqué d’évoquer la situation en Afrique de l’Ouest et au Sahel, lors de son entretien avec le Président Macky Sall, non sans rappeler la qualité de la coopération entre l’Organisation des Nations Unies et l’Union africaine, sur les questions de sécurité, de paix et de développement durable. Les efforts conjoints contre le terrorisme et l’extrémisme violent, ainsi que la situation au Burkina Faso, en Guinée et au Mali, ont été évoqué, notamment l’importance de poursuivre le dialogue avec les autorités de facto des trois pays, afin d’assurer le retour à l’ordre constitutionnel dans les délais les plus brefs.
Le Président Macky Sall lui a fait part de quelques-unes des priorités dans le cadre de la présidence en exercice de l’Union africaine ; notamment les questions de paix et sécurité, la réallocation partielle des Droits de Tirage Spéciaux des pays riches aux pays pauvres pour soutenir la relance économique post COVID-19, enfin la transition énergétique qu’il souhaite juste et équitable dans le cadre de la lutte contre le changement climatique.
Aussi, le Secrétaire général a-t-il plaidé, comme il le fait depuis le début de ses fonctions, pour des opérations africaines de paix et de lutte anti-terroriste robustes ; mises en œuvre par l’Union africaine et appuyées par l’ONU ; mandatées par le Conseil de sécurité, dans le cadre du chapitre VII de la Charte ; et jouissant d’un financement prévisible garanti par les contributions obligatoires.
Sur les questions climatiques et écologiques, il a rappelé que grâce aux efforts du Président Macky Sall et des pays sahéliens pour restaurer les terres dégradées, le projet de la Grande Muraille Verte trouve un nouvel élan, apportant emplois, moyens de subsistance et résilience face aux chocs climatiques. « Il est temps de passer aux actes. Il est temps de tenir la promesse des 100 milliards de dollars par an faite à Paris » a-t-il déclaré, en insistant sur le fait qu’il est essentiel que la moitié des financements climatiques soit consacrée aux programmes d’adaptation et de résilience, afin de venir en aide aux communautés vulnérables.
Des vaccins produits au Sénégal
Le Secrétaire général et le Président Macky Sall ont également discuté de la pandémie de COVID-19 et de son impact sur la situation socio-économique du pays et du continent tout entier. A cet égard, il a salué les efforts déployés par le Sénégal, notamment en matière de vaccinations.
Les deux hommes ont visité à la suite de la Maison des Nations Unies, un site de production de vaccins de haute technologie actuellement en construction par l’Institut Pasteur de Dakar, qui sera bientôt équipé pour produire une gamme large de vaccins contre le COVID-19, mais également les vaccins expérimentaux de BioNTech contre le paludisme et la tuberculose.
M. Guterres a réitéré lors de cette visite son plaidoyer pour une véritable équité mondiale en matière de vaccins, en déclarant qu’il était inacceptable qu’aujourd’hui, près de 80% de la population africaine ne soit toujours pas vaccinée.
Au-delà de la vaccination, M. Guterres a rappelé qu’il subsiste de grands déséquilibres en matière d’investissements dans la reprise post-COVID. « Ainsi, en Afrique subsaharienne, la croissance économique cumulée par habitant pour les cinq prochaines années a été estimée par le Fonds Monétaire International comme étant inférieure de 75 pour cent par rapport au reste du monde. Seule une reprise solidaire, résiliente et durable, fondée sur le Programme 2030 et l’Agenda 2063, permettra de mettre fin à cette pandémie et de récolter les fruits d’initiatives prometteuses comme la Zone de libre-échange continentale africaine. », a-t-il déclaré.
La guerre en Ukraine aggrave une triple crise : alimentaire, énergétique, et financière, pour la région et bien au-delà.
Alors que le Secrétaire général a effectué juste avant sa venue au Sénégal, un voyage en Russie et en Ukraine, où il a respectivement rencontré les Présidents Poutine et Zelensky, cette question brulante de l’actualité n’a pas manqué d’être évoquée lors de l’entretien au palais présidentiel de l’avenue Roume.
Le Président Macky Sall a exprimé sa vive préoccupation, déclarant notamment que : « C’est une tragédie humaine avec un risque potentiel de dérapage nucléaire sans compter son impact catastrophique sur les économies, en particulier celle des pays comme les nôtres. ». Cette inquiétude est également partagée par son invité, qui a créé le Groupe mondial de réponse à la crise sur l’alimentation, l’énergie et les finances, qui mobilise des Agences des Nations Unies, des banques de développement et d’autres organisations internationales, pour apporter des réponses concrètes à l’impact de cette crise, notamment sur les systèmes alimentaires. « Soyons sérieux. Il n’y aura pas de véritable solution au problème global de sécurité alimentaire mondiale sans réintégrer la production agricole de l’Ukraine ainsi que la production alimentaire et d’engrais de la Russie et de la Biélorussie dans les marchés mondiaux, et cela en dépit de la guerre. Je suis déterminé à tout faire pour faciliter un dialogue qui puisse permettre la concrétisation de cet objectif. », a-t-il déclaré.
Un Iftar symbole d’une paix souhaitée partout dans le monde
Après avoir évoqué au cours de leur entretien et dans leurs déclarations les défis multiples pour lesquels une coopération régionale et internationale est essentielle, le Secrétaire général a été convié par son hôte à consacrer à la tradition du Iftar (rupture du jeûne), en ce dernier jour du mois de ramadan. « En ce mois saint, je suis ici – avant tout – pour exprimer toute ma solidarité avec les populations, en particulier avec les communautés les plus vulnérables et les victimes de terrorisme. », avait précisé M. Guterres dans sa déclaration.
Ce diner lui étant offert la veille de son anniversaire, le Président Macky Sall n’a pa manqué de lui exprimer ses vœux de santé et de succès dans la lourde et noble mission qui est la sienne.
Le Secrétaire général Antonio Guterres et sa délégation ont quitté le Sénégal dans la matinée du lundi 02 mai, en direction du Niger, puis du Nigéria où il achèvera sa tournée africaine.
pape Cheikh s. Sakho