Depuis l’inflexion du gouvernement de Pedro Sánchez sur la question du Sahara, la classe politique espagnole se divise sur la ligne à adopter envers Rabat. Les récents événements de Melilla ont encore aggravé cette fracture.
En Espagne, la tension est toujours palpable plus d’une semaine après les incidents survenus le 24 juin à Melilla, au cours desquels plusieurs milliers de migrants subsahariens, pour la plupart d’origine soudanaise, ont tenté de forcer la clôture afin de pénétrer dans l’enclave espagnole. Des heurts durant lesquels 37 d’entre eux ont trouvé la mort.
Le 26 juin, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées sur la place de Callao, à Madrid. Allongées par terre, serrées les unes contre les autres, elles ont mimé la manière dont les migrants ont été traités, cloués au sol et entourés par la police anti-émeute marocaine.
Les manifestants ont aussi mis en cause les autorités espagnoles, qu’ils accusent d’être complice du drame. Le président du gouvernement espagnol, Pedro Sánchez, a en effet affirmé que les autorités marocaines avaient réalisé un « travail extraordinaire » dans la gestion des frontières de l’enclave.À LIRE« Sur Ceuta et Melilla, il n’y a rien à négocier : elles sont espagnoles »
Les événements tragiques de Melilla interviennent au moment où la classe politique espagnole est fortement divisée sur la ligne à adopter à l’égard du royaume chérifien. À la fin du mois de mars, opérant un revirement sur la question du Sahara occidental, Madrid a reconnu que le plan d’autonomie marocain constituait « la base la plus sérieuse, la plus réaliste et la plus crédible en vue de la résolution du différend ».
Si le gouvernement de Pedro Sánchez fait face à une défiance généralisée s’agissant de sa gestion de ses relations avec le royaume, l’apparent front commun des partis d’opposition masque des orientations bien différentes.