Entre la RDC et le Rwanda, une crise qui se radicalise
Les dirigeants d’Afrique de l’Est se sont accordés sur le déploiement d’une force régionale en République démocratique du Congo pour tenter de mettre fin au conflit.
Pour ne rien manquer de l’actualité africaine, inscrivez-vous à la newsletter du Monde Afrique depuis ce lien. Chaque samedi à 6 heures, retrouvez une semaine d’actualité et de débats traitée par la rédaction du Monde Afrique.
Des habitants de Goma, en RDC, réagissent lors du passage du convoi rapatriant le corps d’un soldat congolais tué par des militaires rwandais lors d’un échange de tirs à la frontière, le 17 juin 2022. GUERCHOM NDEBO / AFP
Un calme trompeur règne à la frontière entre les villes jumelles de Gisenyi et Goma. « Comme d’habitude », assurent les douaniers, Rwandais et Congolais se mélangent dans les courtes files d’attente qui s’étirent de part et d’autre des barrières. Le point de passage est l’un des plus fréquentés d’Afrique centrale. Pourtant, la tension est loin d’être retombée entre les deux Etats voisins.
La République démocratique du Congo (RDC) accuse le Rwanda de soutenir le Mouvement du 23-Mars (M23), un groupe armé issu d’une ancienne rébellion tutsi congolaise, qui a repris les armes fin 2021 malgré des accords de paix signés en 2013. Kigali, qui rejette ces allégations, dénonce de son côté des discours de haine « anti-rwandais » de plus en plus violents côté congolais.Lire aussi : Article réservé à nos abonnésAttaques du M23 dans l’est de la RDC : « La racine du problème, c’est la faiblesse de l’Etat congolais et de son armée structurellement défaillante »
Le président rwandais Paul Kagame et son homologue congolais Félix Tshisekedi étaient tous les deux présents lundi 20 juin à Nairobi, lors d’un sommet de la Communauté d’Afrique de l’Est où a été acté le déploiement d’une force régionale afin de stabiliser l’est de la RDC. « Placée sous commandement militaire du Kenya, cette force devrait être opérationnelle dans les prochaines semaines et ne devrait pas comprendre en son sein d’éléments de l’armée rwandaise », a souligné la présidence congolaise sur Twitter à l’issue de la réunion. Les autorités de Kigali avaient pourtant fait savoir qu’elles étaient prêtes à envoyer des hommes.
« Une intervention militaire ne suffira pas à calmer la situation. Cette option s’est montrée inefficace dans la région depuis les années 1990. Seule une solution politique entre les présidents rwandais et congolais pourra résoudre la crise », estime un diplomate, pour qui « les positions des deux pays se sont radicalisées ».
Echange de tirs à la frontière
L’inquiétude est à son comble après qu’un militaire des Forces armées de RDC (FARDC) a passé la frontière au niveau du poste de la Petite Barrière, vendredi, et ouvert le feu en direction du Rwanda, provoquant un échange de tirs. Le soldat a été abattu et au moins deux policiers rwandais blessés.